Ze OASIS Story
Par Antoine de Caunes
Les "cinq garçons dans le vent" ont la coupe casque allemand, des groupies prêtes à tout et sont originaires de Rosbeefland comme les Beatles.
En Angleterre, pays où l'on apprécie la flagelation en milieu scolaire, il y a des villes ! Oui, un peu comme en France, sauf que chez nous, on préfère la flagelation au commissariat, et que chaque ville a produit en son temps des groupes de renom : Liverpool est à jamais celle des Beatles, Londres, celle des Kinks et des Who et dorénavant,Manchester sera celle des Oasis.
Tout commence le 27 mai 1967 : les Beatles présentent leur album Sergent Pepper à la presse, c'est également la naissance de NOEL GALLAGHER à Burnage, la banlieue sud-est de Manchester, dans une ambiance irlandaise avec crucifix, briquettes d'usine, barbes et bières rousses... Cinq ans plus tard et quelques parties de jambes en l'air chez les parents Gallagher, arrive, juste après le 3ème tiers provisionnel, le 22 septembre exactement, le petit frère WILLIAM JOHN GALLAGHER, archi plus connu sous le petit nom de Liam !
L'enfance des Gallagher est des plus mouvementé : Noel ne fait pas que dans l'auto-radio "emprunté", il se tape aussi la recette de l'épicerie du coin, sans dire merci, et se fait virer de son école pour avoir jeté un sac de farine sur le dirlo, et même pas d'origine animale. Liam, plus jeune, arrive bientôt dans la même école, la réputation du frangin n'est pas sans lui porter préjudice et il ne fera, selon l'expression favorite des candidats assoupis des Chiffres et des Lettres, "pas mieux"...
"Il vous faudrait une bonne guerre" criait Ma' Gallagher. Les deux frangins, chômage aidant, n'ont que faire de leurs sales journées et si Liam aime le foot, la bière et les filles, Noel préfère gratouiller son imitation de guitare Gibson en rêvant de devenir un jour une pop star... Vous l'avez compris, les deux bougres auront très tôt la "rock'n'roll attitude", élevés à la coke et à l'ecstasy comme d'autres au viandox et au gibolin, les deux leaders d'Oasis filent un mauvais coton.
Le premier choc musical des frères Gallagher survient en 1989. Nos deux énervés du bulbe se déchirent le body lors d'un concert des Stone Roses et c'est la double révélation : Liam s'intéresse enfin à la "zikmu" et pour Noel, enfin la rencontre qui lui fallait, après une séance de pogo endiablé, en bonne et due forme, il sympathise à l'infirmerie avec le claviériste des Inspiral Carpets, en français "les carpettes inspirées", et se fait embaucher comme roadie, homme à tout faire, quoi !
Pendant de longues tournées, Noel ne gagne que quelques livres par semaine, ne prenant même pas le temps de les lire mais apprenant à connaître le milieu. Il est d'ailleurs bien souvent le larbin de base à qui revient l'ingrate tâche de garder dans son calbute les produits illicites lors des passages aux frontières.
Pendant ce temps, Liam joue dans un groupe baptisé The Rain, en français "la pluie". Mais malaise, il y a déjà un The Rain à Liverpool qui marche nettement mieux, donc il faut trouver un autre nom et comme Licence IV, c'est déjà pris dans la Meuse et que ce sont des fans de Carlos, le terroriste des mélomanes, ils choississent Oasis.
Seulement voilà, le groupe n'a pas vraiment d'inspiration, ni de carpettes, ni vraiment d'entrain... Liam est gardien de parking, c'est plus pratique pour faucher les auto-radio, et son frère lui demande s'ils n'auraient pas besoin d'un songwriter... Bingo ! Le groupe démarre et c'est sur scène qu'ils vont se faire remarquer : un de leurs plus fidèles spectateurs, Alan Mc Gee, qui a le flair du tapir de Patagonie, les signe rapidement sous son label Creation Records, en français "les disques de la création".
Oasis est donc composé des frères Gallagher, de Bonehead à la pelle à tarte, Guigsy Mc Guigan à la cuillère en bois et de Tony Mc Carroll aux casseroles.
Les premières critiques sont sévères mais justes et dès Mars 1994, le premier opus est dans la boite et ne sortira que cinq mois plus tard.
Les concerts d'Oasis sont encore d'une rare violence et, s'ils ne font pas encore musicalement l'unanimité, c'est que le fabuleux Noel Gallagher n'a pas encore dit son dernier mot.
Le 8 Avril 1994, Kurt Cobain meurt d'un excès de plomb dans la cervelle, la mouvance actuelle tend plus vers les transes musclées de raves aux tempos ravageurs que vers les bousculades grasses, arrosées de bières des concerts de rock, en d'autres termes, les "grattes" n'ont plus la côte...
Trois jours donc après la disparition du leader de Nirvana sort le premier single d'Oasis qui, à l'instar de la papamobile sera baptisé Supersonic.
Sur scène, les Gallagher se rappellent un doux souvenir des Kinks et encore des Sex Pistols avec des bastons aussi mémorables que sincères... Quant aux journalistes, ils se tiennent à carreaux mais il n'est pas rare qu'ils soient bousculés en osant une question sur leur père disparu depuis 10 ans ( que même Jacques Pradel il a pas retrouvé ), au comble de l'arrogance quand ils sont comparés au groupe Blur, en français "blûûûr".
Août 1994, en une semaine, dès sa sortie, l'album Definitely Maybe se vend à plus de 150 000 exemplaires, c'est énorme ! Dès lors, les Oasis veulent conquérir les Amériques et il n'est pas un magasine musical qui ne fasse pas sa couv' sur eux. Il n'est pas faux de dire que le groupe Oasis fait preuve d'un égocentrisme exacerbé : "Si Lennon avait composé mes chansons, il serait mort 5 ans plus tôt !" affirme Noel le plus sérieusement du monde. En fait, si les Gallagher sont enflés de la pastèque, c'est tout simplement qu'ils sont l'attaction principale de l'année au Royaume Uni... Oasis veut que ça continue et surtout que ça ne s'arrête pas. Ce qui, en gros, revient au même... Pratiquement, oui, Oasis veut les States, pays de l'oncle Sam, mais aussi reléguer Suede et Blur au rang des Poulidor...
La tournée américaine tourne à la cata : défoncés, déchiquetés, pulvérisés façon puzzle, détruits par tout ce qui traîne et bien plus encore, les mauvaises langues parlent déjà d'une séparation. Mais heureusement, les susceptibilités de chacun réagissent dans le bon sens car "Oasis, Oasis, c'est bon, c'est bon, Oasis, Oasis, tout le monde aime ça !!"
Oasis cartonne : 1994, c'est leur année. Rendez-vous compte par vous même... 120 concerts sur 3 continents ( et non l'inverse !! ), 3 awards et 5 singles ( qui avaient atterri dans les bacs ) s'envolent dans les charts !! Oui, les charts ! Non, pas le groupe de danseuses aux boucles auburn mais les tout convoités hits parade brittaniques. Seuls les journalistes entretiennent un antagonisme Oasis/Blur. Selon eux, il faudrait être soit Blur, soit Oasis, soit pop, soit rock, soit Smith, soit Wesson, soit Jacobs, soit de Laffond... Bref, choisir. Même si, en l'occurrence, personne ne vous y oblige, la comparaison est de moins en moins d'actu' : en cette fin d'année 1994, le premier album est triple platine, 900 000 exemplaires, ce qui coupe court à tout genre de débats et qui laisse rêveurs les Julie Pietri and Co...
1995, nouvelle année, nouvel opus. C'est ( What the story ) Morning Glory ?, en français "quelle est l'histoire, (euhhh) gloire du matin ?", qui sort en Octobre.
Entre temps, le batteur Mc Carroll se fait lourder. Et oui ! Vomir 5 pintes de bière demande un minimum d'entraînement... L'équipe de managers tente de préserver la poule aux oeufs d'or mais la tension est souvent difficile à gérer... Le nouveau batteur, Alan White, fait rapidement copain-copain et l'ambiance redevient rapidement bon esprit, ça s'arrose ! "Garçon 5 pintes ! Et pas de la Tourtelle, hein !" Entre deux soirées "caniveau", Oasis enregistre son deuxième album et livre les singles un à un, pour attirer le chaland, pour exciter le client quoi ! Et ça marche ! Alan MacGee, le Marouani local, peut être fier de ses poulains et il organise un méga concert au Earls Court de Londres. Seulement, superlipopette de zut, Guigsy, le bassiste, se dit "fatigué" et la date de la prestation scénique approche...
Les frères Gallagher pourront-ils donner leur show ?
Leurs fans vont-ils les suivre ??
Stéphanie va-t-elle se remarier avec un autre bodyguard ???
Et si oui, lequel ????
Oasis est incontestablement au rock des années 90 ce que Bernard Tapie est au naufrage industriel : 1995, c'est l'année du fameux Earls Court, concert à Londres. 20000 places vendues en seulement 24H et l'indice du marché noir dépasse même celui du Dow Jones. Alors qu'on organise une deuxième date, le bassiste jette l'éponge, "fatigué" déclare-t-il à la presse. Il est vrai que le mode de vie de nos camarades relève plus du stage commando que de la promenade dominicale du samedi. On le remplace momentanément par MacLeod, montrant, s'il en est besoin, que l'âme d'Oasis, c'est les frères Gallagher.
Les deux concerts sont de véritables triomphes. Madonna est même dans la foule déchaînée ( et non ce n'est pas une contrepétrie !) Fin 95, les Oasis sont au zénith de leur gloire et débarquent dans celui de Paris, alors que leur 2ème album se vend mieux que les Kros à la mi-temps du PSG, 350000 disques en 8 jours ! C'est énorme ! Seul Mickaël "Bambi Pocahontas" Jackson a réussi à faire mieux avec son album Bad...
Le foie gonflé et gonflés de foi en leur réussite, ils s'abreuvent désormais à l'enivrante fontaine de la gloire. Et Création, le label d'Oasis, offre à Noel Gallagher une Rolls chocolat en attendant le pin's parlant Pamela Anderson pour Noël !
1996, les milliardaires d'Oasis ont vendus 10 millions d'albums dans l'univers, c'est énorme ! Et n'ont plus qu'un rival outre-manche : The Beatles.
Le 28 avril, ils donnent deux concerts devant 40000 jeunes consentants au stade de Manchester City de quoi rendre jaloux notre Cantona national. Une deuxième tournée américaine débute, les billets s'envolent en quelques heures et la dernière fois qu'on avait vu ça, c'était en 69, année érotique, avec Led Zepplin !
Aujourd'hui, la formation Oasis se déforme un jour sur deux. Et l'ex-madame Jim Kerr, des Simple Minds, Patsy Kensit, n'y est surement pas pour rien. Ce qui laisse présager très prochainement une nouvelle story sur les tribulations des chameaux Gallagher dans leur Oasis.